En concert lundi soir dans sa salle parisienne de prédilection, le musicien, par ailleurs guitariste de Jacques Dutronc, a livré une jolie prestation devant un public majoritairement composé de fidèles.
Fred Chapellier a déjà joué à de multiples reprises au New Morning de Paris, « cinq ou six fois », il ne sait lui-même plus trop. Il n’empêche qu’il se présente ce lundi soir plein d’allant, devant un public de fidèles demandeurs de leur rasade de blues, mais aussi de quelques petits nouveaux qui ne demandent qu’à être convaincus (pause avance rapide pour présenter ce témoignage d’un spectateur enthousiaste parlant à un ami à la fin du show, « comment j’ai pu passer à côté avant ? Tu as bien fait de me dire de venir, c’était super ! »).
À la tête d’une imposante discographie qui vient de s’enrichir d’un nouvel enregistrement en public, le bien nommé « Live In Paris », capté il y a un an au Jazz Club Étoile de la capitale, le bluesman français, par ailleurs guitariste de tournée pour Jacques Dutronc, arrive à 21 heures, Flying V en bandoulière et son obligatoire béret à la Che Guevara sur la tête. Il est accompagné de pas moins de deux guitaristes, d’un bassiste et d’un batteur, tandis que trois cuivres débarqueront en renfort à partir du troisième morceau.
« Prêt pour un peu de blues ? », lance-t-il, avant d’attaquer avec « Tend To It » lors duquel, la classe, il laisse un des deux autres six-cordistes, Jérémie Tepper, prendre le solo. Fred a en permanence le sourire aux lèvres, rend hommage à ses co-compositeurs, et prend la peine de discuter et de blaguer entre chaque morceau. Même si ça se retourne parfois contre lui : « On a décidé de jouer ce soir 4 ou 5 heures ». « Fainéant ! », lui rétorque un malin dans le public. Autre saillie avant « Racing With The Cops » : « Les bluesmen commencent souvent leurs chansons par I woke up this morning… Mais ce n’est pas vrai, les bluesmen ne se lèvent pas le matin. Mais moi, si. Je me réveille parfois à 4 heures du matin, et j’ai eu l’idée de ce titre ».
Puzzle musical élaboré
Avec Fred Chapellier, tout est fluide et cool. C’est bien de blues dont il s’agit, mais on visite joyeusement toutes les facettes du domaine. Totalement instrumental avec « Juliette », boogie lors de « Blues On My Radio », à l’ancienne lors de « Remnants », funky avec « Under The Influence », soul sur « Sweet Soul Music »… Il va sans dire que le trio de cuivres, dirigé par le réputé saxophoniste Michel Gaucher (qui a joué avec Johnny ou Eddy Mitchell), s’insère avec talent dans ce puzzle musical élaboré.
On attend aussi le Chapellier pas si fou que ça au registre guitare. Et, avis totalement subjectif, c’est sur le très joli et écologique « Mother Earth » qu’il délivre son premier long solo de la soirée, mais aussi le plus pur et étincelant de ce lundi. Alternant les instruments, le musicien laisse de l’espace à ses accompagnateurs (outre le guitariste déjà cité, un deuxième, Patrick Baldran, Christophe Garreau à la basse, Guillaume Destarac à la batterie, Éric Mula à la trompette, Pierre d’Angelo au saxophone en plus de Gaucher, autrement dit la personne du « Live In Paris »), chacun ayant droit à son petit solo, concis et pas pénible.